La phonétique en jouant

La phonétique en jouant

Évaluer la prononciation/Motiver les élèves


 

Évaluer la prononciation est différent d’évaluer l’oral. Pour une évaluation de l’oral, on  juge de la fluidité, de la richesse du vocabulaire, de la syntaxe etc.. ;

 

La prononciation est une compétence à part, qui porte sur le rythme de la phrase, l’accentuation, la syllabation, les enchainements, les liaisons et les sons. Evaluer la prononciation c’est estimer et mesurer si la prononciation de l’étudiant se rapproche de celle d’un natif[1] 

 

Comment tester la prononciation, si l’on veut que la méthode soit à la fois efficace, objective, fidèle, valide et économique ? Le test doit permettre de montrer l’évolution de la prononciation c’est à dire des progrès de l’étudiant au cours de son apprentissage. Il faut donc pouvoir déterminer un profil phonétique des étudiants au début du cours (diagnostic) et à la fin du cours (évaluation) avec le même test.

• Évaluation à l’entrée : L’évaluation en début d’apprentissage peut se faire à partir de phrases types, qui représentent l’ensemble des fautes répertoriées pour une population donnée.

• Évaluation à la sortie : Il s’agit en fait d’évaluer à partir du même test la compétence finale vers laquelle le professeur a décidé d’amener ses élèves selon son programme (ex : prononciation correcte des nasales, des voyelles fermées, des b/v pour des hispanophones etc. )

 

Afin de faire le profil des étudiants on peut utiliser un test de discrimination que l'on refera en fin de parcours pour évaluer si les fautes ont été corrigées. Je vous donne ici le test de discrimination élaboré par M. Di cristo qui permet de définir précisément les fautes sur les voyelles et les consonnes. 

Test-de-discrimination-voyelles.pdf

Test-de-discrimination-consonnes.pdf

discrimination-fiche-eleve.pdf

 

Après avoir défini les erreurs, le cours s'établit de façon à  travailler sur les voyelles ou consonnes et en fin de cours on fera un test d'évaluation générale. Il n’existe pas ou peu de tests d’évaluation de la phonétique. Nous utiliserons la grille d’évaluation de Di Cristo[2] remanié avec des phrases courtes qui testent une seule difficulté à la fois. Di Cristo préconise de choisir des  « phrases suffisamment brèves et familières » et de donner « pour consigne à l’étudiant de ne pas les lire, mais de les dire, après en avoir pris connaissance »  

Voici le test que j'ai utilisé pendant des années pour des nationalités différentes, dans différents pays et qui m'a toujours donné de bons résultats. 

 

test-oral-pho.pdf

 

La motivation  

La motivation est souvent absente pour les cours de phonétique. L'apprenant n’est pas conscient de ses lacunes et de ses besoins, il n'est pratiquement jamais réaliste sur les fautes commises même lorsqu’on les lui signale. Il est sourd à ses fautes et donc incapable de les corriger. La communication étant son critère d’auto-évaluation, s’il arrive à communiquer, il a tendance à se surévaluer et n’éprouve nullement le besoin de combler un manque, il se contente d’un minimum. Il n’a donc aucune motivation à produire un énoncé plus correct, son objectif premier n’est certainement pas la perfection  des habitudes prosodiques, car on  ne lui a pratiquement jamais démontré le bien-fondé de la phonétique dans son apprentissage.

 

La première tâche sera donc de mettre en place des objectifs communs, de montrer à l’étudiant que la prosodie est essentielle dans la reconnaissance du message mais qu’elle est aussi le guide de la production et de la perception et que viser à une meilleure communication passe donc obligatoirement par une amélioration des compétences prosodiques.

 

Il faut impliquer l’apprenant, de façon à le mobiliser, à le motiver. Impliquer, signifie lui permettre de comprendre ce qu’il fait, de donner un sens à son travail, mais aussi éveiller son attention et sa curiosité afin qu’il participe et qu’il réfléchisse sur sa (re)production. Ceci exclut évidemment tout travail répétitif, ou de mémorisation qui n’entraînerait que le rejet à plus ou moins longue échéance. Faire des évaluations sous forme de jeu est donc recommandé.

évaluation avec un jeu de l'oie :

evaluation-jeu-de-l--oie-3.pdf

 

 

 Après avoir lu l'excellent article de mon amie Haydée Silva sur les cocottes en papier  http://lewebpedagogique.com/jeulangue/2015/09/09/le-jeu-de-la-cocotte-en-papier/

 

j'ai eu l'idée de faire une évaluation sous forme de cocotte. Après avoir passé plusieurs heures à faire des cocottes, à subir les moqueries de la famille (mais tu retombes en enfance ?), à attraper un mal de tête pour trouver les sens d'écriture .... voici ce que ça donne. 

 

Evaluation-phonetique-cocotte.pdf

Modele-pour-cocotte-en-papier.pdf

 

 

Pour aller plus loin : 

 

Comment motiver les élèves : vidéo de Michel Boiron , Cavilam

https://www.youtube.com/watch?v=xy8FbRtJWf0&lipi=urn%3Ali%3Apage%3Ad_flagship3_detail_base%3BS1DoAMZ%2FSQy3agP%2FnaXjvA%3D%3D

 

L’apport de l'évaluation dans l'enseignement de la langue étrangère 

https://www.unilorin.edu.ng/publications/sanni/lapor.htm

 

Powerpoint sur l’évaluation en général :

Powerpoint-de-Prof-DEFAY.pdf

 

Pour les passionnés de phonétique, chercheurs, doctorants etc. :

Laboratoire de phonétique et Phonologie : ici article sur l'évaluation

http://lpp.in2p3.fr/Francais-langue-etrangere-FLE

 

 

[1] On peut se demander ce qu’est la prononciation d’un natif ? L’accent neutre n’existe pas, il est souvent une caractéristique géographique, sociale ou individuelle. Il peut être parisien, marseillais, snob, vulgaire, ou même “bizarre” si l’on ne peut le qualifier d’autre manière. L’accent à reproduire sera souvent celui de son professeur.  

 

[2] DI CRISTO, A., (1975) Présentation d'un test de niveau destiné à évaluer la prononciation des anglophones, Revue de Phonétique Appliquée, vol. 33-34, p. 9-35.

 

 

 Retour :  https://la-phonetiqueenjouant.blog4ever.com/



06/10/2015

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